Prolétaires du monde, unissez-vous !

 

 

CE N'EST QUE PAR LA REPRISE DE LA LUTTE DES CLASSE À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE QUE NOUS POURRONS OPPOSER À LEURS GUERRES IMPÉRIALISTES NOTRE RÉVOLUTION

 

 

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque depuis la Bande de Gaza sur le territoire contrôlé par l'État d'Israël, faisant 1.200 morts. En quelques jours, l'armée israélienne a égalé et dépassé le nombre de morts parmi la population palestinienne. L'attaque du Hamas est une répétition à grande échelle de l'attaque de mai 2021, au cours de laquelle 3.350 missiles avaient été lancés pour saturer le célèbre "dôme de fer" israélien, mais avec une différence importante. Cette fois-ci, les "services de renseignement" israéliens ont "échoué" et n'ont pas remarqué la préparation de cette attaque massive, alors qu'elle se préparait depuis près d'un an et malgré l'avertissement préalable de l'Égypte.

Cette "défaillance du renseignement" israélien a permis à l'attaque militaire du Hamas d'avoir des conséquences bien plus importantes que si l'armée israélienne avait réagi comme prévu. Ainsi, ce que certains médias décrivent comme le 11 septembre israélien présente également des similitudes avec l'attaque des tours jumelles, dont on peut trouver d'autres exemples dans l'histoire, que ce soit la Tea Party à Boston, le naufrage du Maine à Cuba, Pearl Harbor, etc.

Mais l'attaque, la défaillance du renseignement et la réponse qui s'ensuit s'inscrivent dans un contexte historique matériel qui les détermine : "Le hasard (...) n'apparaît qu'au point d'intersection des processus nécessaires".

 

Le développement des États du Moyen-Orient

La naissance de l'État d'Israël a été le point culminant du remplacement de la domination impérialiste britannique par l'impérialisme américain, qui, pendant des décennies, a servi de chien de proie dans la région. Le passage au Moyen-Orient de monarchies féodales à des monarchies bourgeoises ou à des républiques bourgeoises s'est fait sur la base d'accords et de conférences diplomatiques qui ont subdivisé le monde arabe en petits États afin d'empêcher l'émergence d'une puissance capitaliste arabe unitaire. Au cours de ce processus, les différents États arabes ont développé leur politique bourgeoise sous l'égide des différentes puissances impérialistes. L'OLP, née en tant qu'organe directeur d'une classe bourgeoise nationale, a toujours été l'exécuteur du contrôle social sur le prolétariat, elle a joué le rôle de geôlier répressif directement ou par l'intermédiaire de l'ANP, un rôle que le Hamas, le JIP et le Hezbollah ont également joué après aussi.

Depuis lors, le développement des forces productives et l'intégration des différentes régions se sont imposés, malgré les tentatives répétées des États-Unis de les arrêter et de les détruire, soit en opposant les puissances régionales entre elles, soit en intervenant directement. L'Iran, l'Arabie Saoudite, la Turquie, l'Égypte, les Émirats Arabes Unis sont aujourd'hui des puissances capitalistes qui jouent leur rôle non seulement au Moyen-Orient, mais aussi au niveau international et en particulier en Afrique. Les Etats-Unis ont dû quitter l'Afghanistan et l'Irak en 2021, l'Arabie Saoudite et l'Iran viennent de rétablir leurs relations diplomatiques en mettant fin à la guerre au Yémen et ont tous deux rejoint les BRICS, la Syrie est réhabilitée dans le monde arabe et tout cela se passe sous les auspices de l'impérialisme chinois. Les investissements de la Chine dans le port de Haïfa et ses relations commerciales avec les secteurs technologiques ont attiré Israël, malgré l'opposition des États-Unis. D'autre part, Israël est un morceau de la route de l'Inde à l'Europe en passant par l'Arabie Saoudite et Israël présentée au G20 comme un concurrent de la Nouvelle Route de la Soie.

Alors que l'Arabie Saoudite applique des réductions par l'intermédiaire de l'OPEP pour maintenir le prix du pétrole à un niveau élevé, les États-Unis permettent à l'Iran d'augmenter ses exportations de pétrole (principalement vers la Chine), ce qui accroît l'offre et fait baisser le prix. La semaine de l'attaque, le prix du pétrole avait chuté de 14 % et de larges secteurs de la bourgeoisie mondiale spéculent sur l'effet que l'extension du conflit à l'Iran aurait sur le prix, fantasmant sur un effet similaire à celui de 1973.

Cette accumulation d'intérêts impérialistes entrelacés et opposés s'inscrit dans le cadre des processus qui déterminent la période actuelle, après la fin du cycle des révolutions bourgeoises en Asie et en Afrique et l'achèvement de l'extension du capitalisme à l'échelle mondiale : le déplacement du centre de gravité du capitalisme vers l'Asie, la rupture de la division du monde et la crise de surproduction. Tant la rupture de la division du monde que la crise de surproduction relative de capital conduisent le monde capitaliste vers la guerre impérialiste ; il ne s'agit pas de la folie de telle ou telle marionnette, mais de l'essence de la solution capitaliste à la crise : Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D'un côté, en DETRUISANT par la violence une masse de forces productives ; de l'autre, en CONQUERANT de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir.” (Manifeste du Parti Communiste, 1848).

 

L'État d'Israël au bord de la rupture interne

Israël avait progressé dans sa reconnaissance par plusieurs États arabes (avec les "accords d'Abraham" comme partie intégrante du même tronc commun) et avait rencontré l'Égypte, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et le Maroc pour discuter de la coopération dans les domaines de la sécurité, du renseignement et de la technologie. L'Arabie Saoudite avait autorisé les avions israéliens à survoler la péninsule arabique et un accord sur l'exploitation du gaz avait été conclu avec le Liban. Les réunions du Conseil UE-Israël, qui ne s'était pas réuni depuis 2012, bien que l'UE soit le principal partenaire commercial d'Israël et que les deux parties aient conclu un accord de libre-échange, ont repris. Les relations diplomatiques ont également repris avec la Turquie. Le gouvernement d'unité nationale visant à expulser le Likoud comprenait un parti arabe, mais cette coalition a échoué et a appelé à de nouvelles élections (pour la cinquième fois depuis 2019), signe du fractionnement et de l'instabilité de la bourgeoisie au sein d'Israël.

Les élections de novembre 2022 ont été remportées par le Likoud (23% des voix) qui a formé un gouvernement avec une coalition de cinq autres partis ultra-orthodoxes et anti-arabes (64 sièges sur 120). Depuis lors, les attaques et raids réciproques entre l'armée israélienne et les miliciens palestiniens se sont poursuivis, faisant tous des victimes civiles, ce qui a incité le gouvernement à annoncer qu'il allait débloquer des milliers de demandes de permis de port d'armes. Les manifestations contre la réforme judiciaire ont commencé en février. Les entreprises technologiques ont été au cœur de l'opposition à la réforme, entraînant avec elles leurs travailleurs et une partie importante des réservistes qui ont refusé de participer aux entraînements et aux manœuvres, ce qui a conduit le ministre de la défense à déclarer, la veille de sa destitution : "Le schisme croissant dans notre société pénètre les forces armées et les forces de sécurité, ce qui constitue une menace claire, immédiate et tangible pour la sécurité de l'État" (El País, 26-03-2023). Dans le même temps, les relations d'Israël avec les États-Unis devenaient de plus en plus tendues, avec des déclarations du ministre israélien de la Sécurité nationale affirmant qu'Israël "n'est pas une étoile de plus sur le drapeau américain" (El País, 02-04-2023) ou le parti de Netanyahou tenant les États-Unis pour responsables "de la mort de 74 soldats israéliens lors de l'offensive de 2014 à Gaza." (El País, 02-04-2023).

Le bain de sang a permis à l'État d'Israël de passer d'une situation au bord de l'effondrement à la déclaration d'un état de guerre et à la formation d'un gouvernement d'unité nationale, à la mobilisation de tous les réservistes et même à la tentative d'inclure la population arabo-israélienne dans le processus. Les États-Unis sont passés de la non-acceptation du président israélien au déploiement de soldats et à la promesse solennelle de surveiller les arrières d'Israël. Les destructions et les morts causées par l'armée israélienne servent à l'autre camp à atteindre un résultat similaire en facilitant l'utilisation par le Hamas du prolétariat de Gaza comme bouclier humain.

 

La seule alternative : le défaitisme révolutionnaire

En Israël, à Gaza et partout dans le monde, la position communiste militante est celle du défaitisme révolutionnaire, de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire: “Le prolétariat ne doit pas seulement être opposé à toute guerre de ce genre, il doit encore souhaiter la défaite de «son» gouvernement dans ces guerres et la mettre à profit pour déclencher une insurrection révolutionnaire si l'insurrection en vue d'empêcher la guerre n'a pas réussi. (Le programme militaire de la révolution prolétarienne, Lénine, 1916).

Il y aura une solution à la situation en Palestine lorsque les classes ouvrières arabes et israéliennes se lèveront d'un seul bloc pour renverser leurs bourgeoisies respectives qui les opposent aujourd'hui l'une à l'autre. Mais cette tâche ne peut être assumée par le seul prolétariat palestinien ou israélien, ni par le prolétariat d'aucun État pris isolément : “l'émancipation des travailleurs n'est pas une tâche locale, ni nationale, mais bien une tâche sociale et internationale." (Statuts de l'Internationale Communiste, IIe Congrès, 1920).

 

Une tâche internationale : organiser le Parti

Pour mener à bien sa mission historique, la classe ouvrière a besoin du Parti Communiste International qui doit unir la partie la plus avancée et la plus résolue du prolétariat, unifier les efforts des masses laborieuses en les conduisant de la lutte pour des intérêts et des résultats contingents à la lutte générale pour la révolution mondiale, pour l'instauration transitoire de la dictature révolutionnaire du prolétariat vers une société sans classes, sans propriété privée, sans travail salarié, sans État, sans marché et sans régime d'entreprise. La responsabilité de tout communiste est de travailler à l'organisation, à la consolidation, au développement et à l'extension de ce Parti.

Sans renoncer à aucun moment à transformer la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire au cours de son développement ou à la déclencher par la suite, il ne sera possible de réagir au déclenchement de la guerre impérialiste elle-même en déclarant une grève générale révolutionnaire que si un large réseau de solidarité et de lutte s'est préalablement développé au niveau syndical, en dehors des tentacules de l'État, dans lequel le Parti Communiste International ait acquis une influence décisive.

Cela ne se produira pas si nous n'avons pas combattu l'influence organisationnelle et idéologique exercée par la bourgeoisie par le biais du syndicalisme intégré à l'État et du parlementarisme, si nous n'avons pas arraché les mauvaises herbes - centimètre par centimètre si nécessaire - pour pouvoir semer et enraciner. Il est donc la responsabilité de quiconque comprend la nécessité du défaitisme révolutionnaire (et pas seulement comme une figure de rhétorique) de travailler à préparer les conditions matérielles pour que ce mot d'ordre puisse être mis en œuvre.

Une tâche fondamentale est de réintroduire dans la classe ouvrière le marxisme intégral, le marxisme sans altérations, révisions et mises à jour, sans débats vains et spéculations douteuses qui ne font qu'émousser son tranchant révolutionnaire : “sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire” (Lénine, Que faire ?, 1902). Le marxisme est pour le prolétariat un instrument de travail et une arme de combat : on n'abandonne pas son arme ou son instrument au beau milieu de l'effort ou au comble de la bataille pour les "réparer" : c'est en brandissant dès le début de bons outils et de bonnes armes qu'on sort vainqueur, dans la paix comme dans la guerre.” (L’«invariance» historique du marxisme, 1952).

Une autre tâche fondamentale est de briser le carcan du syndicalisme intégré, d'organiser le syndicat de classe. Il existe une relation très étroite entre la possibilité révolutionnaire et la lutte immédiate de la classe prolétarienne contre le capital : “Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d'entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure.” (Salaire, prix et profit, 1865, K. Marx). “Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux.” (Manifeste du Parti Communiste, 1848).

Les deux tâches doivent être menées simultanément, se nourrir l'une l'autre, organiser la lutte immédiate, tisser le réseau du syndicat de classe non intégré à l'État et introduire le marxisme dans les expériences de ces luttes, faire en sorte qu'une partie des travailleurs qui ont entrepris ces luttes s'élèvent au niveau de la théorie révolutionnaire, deviennent des militants communistes.

 

Pour l'internationalisme prolétarien

Toute défense de sa propre "patrie" est une trahison de la cause de la révolution : Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas.” (Manifeste du Parti Communiste, 1848). La base matérielle de l'assujettissement à la propre bourgeoisie pendant la guerre est l'assujettissement préalable à l'économie nationale, à l'économie de la propre entreprise. L'unité nationale est la tombe de la classe ouvrière. Le nationalisme nous livre pieds et poings liés à l'exploitation capitaliste en temps de guerre commerciale et à la boucherie comme chair à canon en temps de guerre militaire. Le mot d'ordre des révolutionnaires du monde entier doit être sans compromis et sans exception :

 

  • Rejet de tout nationalisme :“les ouvriers n'ont pas de patrie”.
  • Rejet de la solidarité avec l'économie de l'entreprise et l'économie "nationale".
  • Défaitisme révolutionnaire contre la propre bourgeoisie en temps de guerre commerciale ou militaire.
  • Organisation conjointe et internationale des prolétaires de toutes les langues au sein du Parti Communiste International pour la révolution communiste à l'échelle mondiale.


 

PARTI COMMUNISTE INTERNATIONAL – “EL COMUNISTA” – octobre 2023 – pcielcomunista.org – @pcielcomunista